La Birmanie est le pays de l'Asie-du-Sud-Est qui nous suscitait le plus de curiosité : enclavé entre l'Inde, la Chine et la Thaïlande, ancienne colonie anglaise (de 1824 à 1947) et plusieurs récits de voyage plutôt enchantés et enchanteurs, sans parler de certains événements d'actualité.
« RANGOON » est notre première étape. Mégalopole de plus de 4 millions d'habitants, noyée dans l'agitation des rues, où nous pouvons déjà constater un métissage et une ambiance hindou/asiatique très prononcée. Nous essayons d'appliquer, non sans difficulté, nos quelques rudiments de la langue Birmane, mais la communication sera très vite établie avec de beaux et grands sourires. Sur la plupart des joues et même le bout du nez, le Thanaka est de rigueur (extrait de l'arbre, crème hydratante naturelle et protectrice des rayons du soleil) sous cette chaleur écrasante. La curiosité et l'échange sont au rendez-vous. Véritable grand marché à ciel ouvert, les rues sont inondées d’étals. La nouvelle technologie (téléphone portable et appareil photo) commence à prendre place parmi les objets de récup', les vendeurs de jus de canne à sucre ou de bétel (les crachats rougeâtres maculent les rues) et d'ustensiles en tout genre. Par contre, le poste de téléphone public en pleine rue est assez amusant !
Mais après quelques jours passés en ville, il nous tarde d'aller découvrir l'arrière pays et notamment les deux destinations phares.
Pour commencer, nous passerons une semaine dans le centre du pays sur le « LAC INLE ». L'atmosphère est beaucoup plus paisible et reposante, les soirées sont fraîches. Nos 3 sorties sur le Lac à la découverte des différents villages lacustres et leurs différents marchés nous permettent d'en apprendre un peu plus sur la vie locale de campagne et d'apprécier leurs différents artisanats. Nous nous attarderons surtout à In Phaw Khone réputé pour ses ateliers de métiers à tisser d'un autre temps, avec une superbe mécanique tout en bois huilé sur lesquels de jeunes ouvrières, avec une grande dextérité, beaucoup de mérite et souvent pour un salaire dérisoire, créent de magnifiques étoles en soie et en lotus. Le marché de Nampam sera notre préféré, le plus coloré et le plus animé avec ses étales de fruits et légumes à la « bidoche » en passant par les épices et la vannerie. En fin de matinée, à l'arrière « boutique », certains marchands ont tout remballer et recharger leurs marchandises sur des charrettes tractées par deux bœufs ou sur des « mono-tracteurs ». La scène est assez artisanale dans tous les sens du terme !
Entre deux balades, nous naviguons au beau milieu des cultures flottantes (constituées de longues perches en bambou soutenant les tapis flottants de végétation) sur lesquelles poussent fleurs, tomates et autres fruits et légumes. Ici l'engrais est naturel, on récupère les algues et les excréments ! Dans le village de Naug Taw, le monastère tout en bois du XIXème siècle retiendra toute notre attention. Discrètement notre visite est accompagnée et rythmée par une litanie de mantras récités par les moines bouddhistes, ce qui lui confère un peu plus d'austérité et de « spiritualité ». De Nyaungshwe, notre pied à terre, nous louerons aussi des vélos pour sillonner la campagne. La culture de la canne et la fabrication du sucre est la principale activité. Nous avons pu assister à toutes les étapes et entre deux, le va et vient des charrettes à bœufs chargées de matière première. Ici, il semble que le temps s'est arrêté, il nous faut pourtant continuer notre chemin...
Après notre petite semaine sur le Lac Inlé, le retour dans le bruit, l'agitation et la pollution sur MANDALAY, sans grand intérêt d'ailleurs, est assez difficile. Seul le site d'Inwa, ancienne capitale royale Birmane au XIVème siècle, sa campagne et ses différents temples vaut le détour. Petit avant goût de notre troisième étape : BAGAN et sa myriade de temples et de stupas dispersés sur des kilomètres sur des terrains sabloneux et arides (c'est la région la plus sèche du pays). Le paysage assez magique et fabuleux ressemble un peu à une champignonnière. Ce site est à l'origine d'une ferveur religieuse des rois successifs de Bagan, lesquels firent élever plus de 4 000 temples entre le XIème et le XIIIème siècle. Aujourd'hui essentiellement de construction en brique et en stuc, seul environ 2000 sont répertoriés, entretenus et restaurés plus ou moins en bonne et due forme. Aussi, pourtant classé au patrimoine de l'Unesco, les fresques de certains d'entre eux sont remarquables mais malheureusement en décrépitude. Avec parcimonie et en prenant notre temps, nous pénétrons dans l'histoire de ces temples et parfois nous accédons par de étroits escaliers, à un ou deux niveaux supérieurs d'où l'on surplombe cette plaine parsemée de ces architectures en forme conique. Les couchers de soleil sont féeriques.
Notre première approche sur la Birmanie se termine le sourire aux lèvres, même si nous avons pu constaté parfois le « petit côté pervers » à une plus grande ouverture à l'économie du tourisme.
Pour nos déplacements, nous avons opté pour des trajets en bus uniquement (A notre grande surprise, plutôt confortables en général voir très modernes !), trajets plus longs soit, mais il faut tenir compte du côté archaïque dont les routes sont élaborées. Ici, l'équivalent de la DDE n'existe pas. Tout est fait à la main, les roches sont pilonnées, ensuite tamisées avant d'être étalées sur le sol puis recouvertes à l’arrosoir d'une couche ou deux de goudron. Seule mécanique à la chaine, le rouleau compresseur ! Malgré cela, nous retiendrons la gentillesse et les sourires des Birmans.